LETTRE A MES AMIS DE VINGT ANS

(à mes proches de cette période et d’après :
Cécilia, Centre de Thun, Emmanuelle , Gabriel, Laurence, Olga, Jean-Jacques, Maurice, Michel Loustalot, Soheila, Dr VachonFrance, Vania, Vie Libre)

Quelques jours. C’était ce qu’il me restait à vivre il y a vingt ans. Tout au plus comptait-on encore en semaines, mais le mois était une échéance devenue déjà trop éloignée. Je l’ai su plus tard. Par mes amis de Vie Libre de Montreuil. Eux seuls ont gardé l’espoir que l’adage « qui a bu boira » n’était pas une vérité inéluctable.

Vingt ans. Vingt ans que je ne bois plus.

Vingt ans que je ne me déplace plus avec une bouteille de scotch cachée avec moi, comme une locomotive à vapeur traînant immanquablement son chariot plein de charbon. Vingt ans que, comme la locomotive, je n’ai plus besoin de charger en permanence ; l’arrêt signifiant la mort. Vingt ans que je distingue la nuit du jour, vingt ans que je n’ai plus à me réveiller pour charger la bête au milieu du sommeil et continuer ainsi la survie. Vingt ans que je ne passe plus la majeure partie de mon temps éveillé à m’approvisionner par tous les moyens et à planquer ce que j’ai trouvé.

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Christian

Mes Histoires d’A

Mais ça a commencé quand, au juste, le dérapage ?

Mais c’est parti comment, cette longue descente vers le fond?

Enfant, je crois me souvenir avoir aimé l’odeur des apéros que prenait mon père. Des vins cuits italiens aux effluves envoûtantes qui le rendaient, il me semble, un peu plus bavard.

Je me souviens également avoir trempé furtivement mes lèvres dans le verre de vin blanc et sucré qu’affectionnait particulièrement mon grand-père. J’avais trouvé ça bon.

Un peu plus tard, pendant mon adolescence, je brûlais une bonne partie de mon énergie à braver les interdits, à m’opposer à toutes les formes d’autorité qui se dressaient à moi, à repousser toujours un peu plus les limites du cadre, à faire mes conneries en cachette, avec, enfoui en moi, le désir d’être découvert, pour attirer son attention, celle dont je pensais manquer, pour provoquer une réaction que j’aurais pu ainsi m’approprier. Pour exister à ses yeux, rien de moins.

J’ai compris cela, bien plus tard.

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